Auteur Sujet: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif  (Lu 7878 fois)

Fitz

[Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« le: 04 août 2014, 22:39:29 »
3eme Jour 5eme décade d'été


Bon, une mission pour Karse, un nouveau pouvoir qu’il apprenait à maîtriser, une femme dont il devait prendre soin, un nouveau grade de Capitaine. Les choses changeaient dans la vie du gamin au dos lacéré de coup de fouet, et il avait pris une décision.

Le matin même avant de se rendre en ville il avait accroché en face de son lit son énorme hache de bûcheron au mur. Il estimait qu’elle avait le droit à un repos bien mérité, il la récupérerait le jour où tout cela sera fini, et qu’il pourrait accomplir son rêve : se trouver une petite mansarde à l’orée d’un bois, où il pourrait élever ses enfants avec Feuille, tout en taillant des jouets en bois qu’il irait vendre en capitale pour les gosses. Même si il n’avait pas encore parlé d’une éventuelle progéniture avec Feuille quand toute cette histoire de divinité sera conclue.

Depuis plusieurs semaines déjà il s’entraînait au maniement d’arme à une main, et il avait trouvé un équilibre dans l’utilisation simultanée de deux haches courtes. Il retrouvait les sensations lors de l’impact et les positions de combat de son ancienne arme, en gagnant en élégance et en rapidité d’action. Et puis il faisait moins brute mal dégrossie, ce qui était un plus si il devait se rendre auprès des Karsites… Il allait y représenter l’armée de Valdemar après tout. Et il avait du mal avec l’idée que les langues de vipères de la cour pourraient mentionner le fait que le roi avait envoyé un campagnard comme représentant de l’armée à Karse.

Le voilà donc de retour du marchand d’arme d’Haven, ses deux nouvelles armes attachées dans son dos. Il fallait qu’il s’habitue à les avoir sur lui, et les haches à la ceinture c’était la meilleur façon de s’entailler la moitié de la cuisse au moindre mouvement d’urgence, et comme tout le monde le sait, la course à pied devient compliquée quand il ne reste plus qu’une jambe. Il ajustait donc soigneusement son harnais en cuir, déplaçant légèrement les haches pour gagner en mobilité. Même si la tout de suite ce qui le dérangeait le plus étaient ses épaulettes de Capitaine d’escadron. Il avait dû enfiler un uniforme correct pour pouvoir obtenir ses armes commandées par l’armée de Valdemar, et forcément son nouveau grade était bien voyant sur le haut de son veston.

Il dégaina les haches, vérifiant la facilité qu'il avait pour les enlever du harnais, et d'un mouvement vif du poignet fit tourner les haches autour de ses mains. Elles étaient légères, bien plus légère qu'il ne le pensait, le métal était magnifiquement travaillé. Il se souvint un peu tard qu'il était dans la rue, et le visage effrayé des passants ne laissait aucun doute: il leur avait foutu la trouille de leur vie.
« Modifié: 28 juin 2016, 10:50:04 par Thalyana »
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Pluiechantante

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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #1 le: 05 août 2014, 09:04:49 »
Pluiechantante avait besoin de prendre l’air. De sortir du Palais. Elle commençait à ressentir une pointe de claustrophobie chaque fois qu’elle levait les yeux sur les murailles qui entouraient le complexe palatial.

Il lui avait fallu du temps pour se remettre de son combat. Puis, pour aider sa guérison, elle s’était lancée avec bonheur dans un nouveau projet avec Sourcedésert, leur projet, leur futur enfant. Elle avait consacré tout son temps libre à s’informer sur des questions de fécondité, de Dons, d’hérédités, et elle avait vécu dans une bulle pendant plusieurs décades.

Quand enfin elle avait senti l’énergie familière revenir en elle, elle avait repris le cours normal de sa vie. Et là, il y avait eu les regards, les chuchotements, les gens qui s’écartaient sur son passage. Heureusement, Sourcedésert l’avait prévenue quant aux médisances ; elle s’amusait plutôt des histoires fantasques qui courraient à son sujet. Naïvement, elle avait pensé que le feu de la rumeur finirait par s’éteindre faute de combustible. Malheureusement, chacun de ses actes ne faisait que nourrir les ragots, sans qu’elle comprenne pourquoi. Ce qui l’avait d’abord énormément amusée finit par la lasser. Et elle tenta d’agir de manière à faire taire les murmures. Mais malgré sa volonté, sa joie, son insouciance, elle n’était pas parvenue à faire taire les ragots, ni même à les retourner en sa faveur. Et les chuchotements constants avaient commencé à déclencher chez elle des crises de claustrophobie.

Elle aurait aimé que quelqu’un fasse un démenti public, que quelqu’un expose les faits. Mais il semblait plus important aux yeux des dirigeants de garder le secret sur la trahison involontaire de Riannon que de rétablir la vérité. Au contraire, ce maelström de rumeurs leur rendait service, car il égarait les espions. Pluiechantante comprenait intellectuellement les raisons qui justifiaient l’absence de réaction officielle quant à cette question. Mais elle souffrait quand même du peu de valeur qu’on lui accordait. Évidemment, elle enfouissait profondément sa tristesse et sa rancœur. Et celles-ci s’exprimaient quand même par le biais des crises.

Tout en ruminant ses pensées, Pluiechantante marchait d’un pas tranquille dans la rue. Elle admirait le ciel, les reflets de la lumière sur les toits, les éclats verts que jetaient les arbres sur les pavés. Puis soudain, devant elle, ce fut la stupeur, la crainte, et le flot des passants s’écarta pour contourner le danger : un homme armé de deux haches, qui semblait se croire sur un terrain d’entraînement. Un homme que Pluiechantante connaissait.

« Salut, Fitz ! Tu vas bien ? Ça fait longtemps qu’on se voit pas, n’est-ce pas ? Tu fais peur exprès ou tu avais trop d’enthousiasme pour tes armes ? »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #2 le: 05 août 2014, 16:12:59 »
Dans ses yeux se lisait l’étonnement : il entendait des mots malgré ses armes sorties qui n’étaient pas des « à la garde », ensuite ces mots lui étaient directement adressés.  Le soldat rangea ses armes, et se frotta la tête, l’air désolé, comme un gamin pris en faute en train de voler une cuisse de poulet dans la cuisine.

« Pluie ! C’est un plaisir de te voir ! Et pour répondre à ta question, je viens juste de recevoir ces deux nouveaux jouets, et j’avoue que j’ai peut-être, légèrement, était un peu trop exalté »

Il n’osait pas dire qu’il avait retenu son bras avant de commencer à faire des passes imaginaires au milieu de la rue, il se rendait compte qu’il devait être passé pour un fou, et que cela aurait été pire si il avait continué ses moulinets en pleine rue.

« En effet ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de te croiser. Mais il faut dire que ces derniers temps je suis plutôt… Occupé quand je ne suis pas en service. »

Et voilà qu’il rougissait de nouveau. Il se souvenait très bien comment cela avait fini la dernière fois qu’il avait croisé la demoiselle, et il savait aussi qu’une autre personne actuellement comblé ces besoins-là.

« Mais dis-moi que fais-tu donc dans les petites rues de Haven ? Et surtout comment vas-tu depuis tout ce temps, je suppose que ta vie au palais a pas mal évoluée depuis la dernière fois ? »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #3 le: 06 août 2014, 09:59:55 »
Fitz avait l’air désolé de s’être oublié au milieu de la rue, et son attitude fit rire Pluiechantante. Elle jeta un coup d’œil amusé aux badauds qui les regardaient d’un air courroucé.

« Un peu trop, oui... »

On aurait cru voir Liane avec un nouveau trésor, incapable d’attendre pour jouer avec, peu soucieuse du lieu où elle se trouvait. Les hommes étaient décidément de grands enfants.

Fitz n’était pas la seule personne qu’elle n’avait guère eu l’occasion de revoir. À cause de ses nombreuses occupations, elle n’avait plus guère le temps de prendre de nouveaux patients, et de revoir ceux qui n’avaient pas besoin d’elle. Cependant, elle nota le besoin du jeune homme de se justifier, en rougissant qui plus est. Un sourire s’épanouit sur ses lèvres.

« Tu as une amoureuse, n’est-ce pas ? C’est toujours ça qui occupe les hommes, oui. »

Pluiechantante s’étonnait encore de la gêne que pouvaient éprouver certains hommes à la revoir. Pensaient-ils qu’elle allait leur faire des avances à chaque fois ? Ou étaient-ils incapables d’assumer avoir eu des relations intimes avec elle ? La croyaient-ils jalouse ? Et c’était pire quand ils étaient engagés dans une relation amoureuse. Avaient-ils honte d’avoir une fois pris du bon temps avec elle ? La réponse la plus probable à toutes ces questions était sans doute “oui”.

Mais Fitz enchaînait déjà avec ses questions, inspirées par la gêne, ou par un intérêt réel ; c’était difficile de trancher.

« J’aère ma tête... non mon esprit. Je prends l’air, voilà. » Elle était contente d’avoir trouvé l’expression correcte. « Je marche en suivant mes pas. » Quant à savoir comment elle allait, c’était plus difficile de répondre. « Et je vais... » Elle haussa les épaules. « La vie au Palais... c’est plein d’ec... ec... de pièges et aussi de joies. C’est compliqué. » Elle sourit. « Mais tu as entendu, n’est-ce pas ? La folle Pluiechantante qui vole les enfants, qui blesse les belles dames. Non ? Tout le monde a entendu. Heureusement, c’est drôle, oui. Les histoires sont amusantes, parce qu’elles racontent faux. Mais c’est fatiguant un peu, le bruit tout le temps, partout où je vais. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #4 le: 06 août 2014, 13:03:18 »
Il continuait à ajuster son harnais en écoutant la jeune femme. Entendu parler ? Fitz éclata de rire.

« Je sais que tu n’as pas eu l’occasion d’énormément me côtoyer mais je vais t’apprendre quelque chose sur moi de capitale : je n’écoute JAMAIS ce qui se dit dans les couloirs du palais. Si je me mettais à écouter toutes les rumeurs alors je ne serai pas sorti de l’auberge, j’ai des informateurs bien plus fiables pour en savoir plus sur les gens. »

En général le capitaine écoutait les gosses. Ils en savaient bien plus sur tout le monde, et si on arrivait à trier et surtout à supprimer l’exagération de la vérité, on trouvait la plupart du temps les informations les plus fiables du collégium. En tout cas toujours plus fiable que ce qui sortait de la bouche des nobles. Adressant un de ses sourires sincère à la jeune femme il continua.

« Franchement si on écoutait ces bruits, je serai une brute sanguinaire qui découpe des lapins pour le plaisir, et qui débauche toutes les femmes que je croise. Et tu me connais dans le domaine je suis plutôt du genre… Coincé. »

Et voilà qu’il rougissait encore. Non vraiment fallait qu’il trouve quelque chose pour modifier la couleur de ses joues à volonté. Y’a pas un don pour ça ?

« Donc non je n’ai rien entendu sur les bruits qui courent sur toi, mais je peux comprendre que cela te pèse. Toutes ces langues de vipères peuvent très vite nous pourrir la vie. Mais je suis persuadé que les gens qui te connaissent un peu ne croient pas un mot de ces racontars. Tiens d’ailleurs même moi je ne crois pas ce que tu me dis. Toi blesser quelqu’un ? Et voler un enfant ? Franchement, je n’ai pas passé énormément de temps en ta compagnie, mais ce serait bien la chose la plus surprenante qui soit. »

Non il n’y croyait pas. Fitz choisissait toujours avec beaucoup d’attention les gens qu’il fréquentait, ami ou plus, et sa rencontre avec Pluie ne lui avait pas donné cette image. Jusqu’à  présent il avait toujours été un bon juge sur les gens, et il n’imaginait vraiment pas se tromper sur elle.

Quand à ton autre question…. Oui en effet j’ai trouvé quelqu’un, une guérisseuse, quelque chose qui a été si rapide que j’en suis encore légèrement surpris. Elle m’a offert une plume de son oiseau lige. Je sais ce que cela signifie, et maintenant j’ai surtout peur de ne pas être à la hauteur.»

Ses yeux se perdirent un instant dans le vide. Il savait que Pluie comprenait la porté de l'acte de Feuille.

« Mais explique moi donc avec tes mots, ce qu’est cette histoire d’enfant volé. Du moins si tu en as envie bien sûr, ça fait parfois du bien d’extérioriser ses problèmes, mais je ne t’apprends rien, tu en sais des choses sur  le bien-être du corps et de l’esprit. »

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.

« Et même si je ne m’occuperai pas de la partie corporelle de la chose, en tant qu’ami je veux bien m’occuper de la partie esprit. »

Son sourire se fit enfantin, grand et large.

« Et le mot que tu semblais chercher est « écueil » je suppose. En tout cas ta maîtrise de la langue a vraiment bien évolué, je suis impressionné.»
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #5 le: 06 août 2014, 14:34:32 »
Cela faisait un bien fou de pouvoir parler librement à quelqu’un d’autre que Sourcedésert. Certes, il y avait les enfants. Mais le problème était là, c’étaient des enfants. Elle ne pouvait pas rire de la même manière avec Liane qu’avec Fitz. Elle avait besoin de rire avec quelqu’un qui comprenait les implications sans les dramatiser. Quelqu’un de simple et d’ouvert. Bref, quelqu’un comme Fitz.

Elle avait vu juste concernant les histoires de cœur du soldat. Elle se trompait rarement sur ces questions. En même temps, cela faisait partie de son métier. Et elle était plutôt douée. La description de Fitz lui fut même suffisante pour déterminer l’identité de la dame.

« Feuillemalice ? » Elle rit. Quelle drôle de coïncidence. « Je la connais, oui. Elle aide pour les questions de santé. Elle aide Sourcedésert, pour le bébé. Mais je la connais pas mieux. Juste pour la médecine. » Elle sourit.« C’est la seule Tayledras qui soigne ici. La seule qui pouvait comprendre et aider pour Sourcedésert et moi. »

Elle se demandait si la Guérisseuse avait parlé de ses drôles de patients à son amant, ou si elle avait gardé cela pour elle. Éthiquement, il lui était défendu de parler des gens qui venaient la voir. Mais souvent il était tentant d’anonymes les cas pour pouvoir en discuter avec une personne extérieure. Pluiechantante le faisait parfois. Mais il n’y avait qu’une seule personne à qui elle parlait, Sourcedésert, qui n’était pas la mieux placée pour la conseiller.

« Pour le corps, j’ai déjà quelqu’un oui. Même plusieurs quelqu’un si j’ai pas assez avec Sourcedésert. » Elle lui fit un clin d’œil. Puis elle revint au sujet initial avec un pincement au cœur. « Ils disent que je voulais voler Liane. Je m’occupe d’elle. Je lui apprends ce qui se fait ou pas. L’éthique dans ta langue. Je lui apprends aussi d’autres choses. Les Dons. » Elle haussa les épaules. « Je sais pas pourquoi ils disent ça. Peut-être parce que je suis pas d’ici. Ils disent ça aussi parce qu’il s’est passé quelque chose avec la maman de Liane. Je peux pas te dire quoi, ils veulent le secret. Si tu sais, alors tu comprends. Si tu sais pas, je peux dire que les yeux ont vu... ont été trompé par la scène. Et ça a donné des rumeurs ensuite. Elles sont drôles, oui. Mais un peu lassant enfin... à la fin. Je les laisse de côté, je les ignore. Mais je commence à trouver la vie dans les murs trop serrés. Comme chez moi, avant, à Griffon Blanc... Et comme je peux pas partir loin comme avant, je pars moins loin, juste pour quitter les murs un moment. »

Pluiechantante était ravie que Fitz constate ses progrès en valdemaran. Cela lui avait demandé beaucoup de patience et de travail pour parvenir à s’exprimer à peu près comme une adulte et plus comme une enfant attardée.

« Sourcedésert me corrige beaucoup. C’est important pour elle que je parle juste...  correctement. Mais elle,  elle a triché pour apprendre. Avec une magie, oui. Mais elle veut que je parle bien pour donner juste la langue au bébé. Même si il apprend d’abord le Tayledras. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #6 le: 17 août 2014, 11:28:48 »
A l’évocation du prénom de son aimée, le capitaine se mit, comme à son habitude, à rougir… Il faudrait vraiment qu’il vérifie s’il n’existait pas un remède à ce problème de couleur de joue.

« Tu as deviné juste c’est Feuille en effet. Ça s’est passé un peu à l’improviste, et j’avoue que je n’ai pas vu venir ce qui est arrivé. Mais elle compte tellement pour moi, que quasiment plus rien d’autre n’a d’importance. C’est étrange cette sensation non ? »

Un étrange sourire emplit de nostalgie se dessina sur ses lèvres. Puis il reporta son attention sur son agréable compagnie.

« Tu vas donc avoir un enfant ? C’est vraiment une excellente nouvelle ! Mais il y a des complications pour que vous ayez besoin de l’aide de Feuille ? »

Oui Fitz n’y connaissait rien dans ce domaine, et encore moins quand il s’agissait de procréer sans l’aide d’un homme.
Il écoutait avec attention l’histoire de la jeune femme. Et connaissant sa façon d’être avec les autres, cela devait lui peser plus que de raisons.

« Tu sais Pluie, les gens sont toujours médisants quand il s’agit d’étranger, et encore plus avec la guerre qui se profile. »

Adressant à la jeune femme son plus grand sourire il enchaîna.

« Franchement, aller jusqu’à dire que tu as voulu voler un enfant, c’est quand même osé. Tu es là pour aider sa mère et éduquer la petite. Mais pour eux c’est plus facile de taper sur une étrangère, dont ils ne savent rien, que sur une femme du coin qui a une famille bien implanté dans la région. Crois-moi si j’entends quoique ce soit de médisant sur toi, ils rencontreront mon poing, et auront bien plus de grain à moudre dans les prochains jours que ton histoire ! »

Fitz était sincère, si il fallait qu’il crée une rumeur sur lui pour taire celle sur Pluie il le ferait. Il l’avait déjà fait au retour des troupes pour Beltran. Et lui avait l’avantage de sa position dans l’armée, et de son physique, bizarrement les rumeurs se tarissaient plus vite quand elles concernaient un homme qui se promenait avec des haches.

Il avait entendu des histoires sur Riannon, qu’il avait écouté vu son passé avec la doyenne des bardes, les bruits couraient vite entre les soldats, bruits qu’il faisait taire assez rapidement d’un raclement de gorge, et d’une phrase du type « on est des soldats, pas des péronnelles de la cours avec leurs chignons bien coiffés. Mais si vous voulez je peux vous obliger à porter des robes à la prochaine manœuvre.  »

« J’ai entendu parler de tout cela sans en avoir les détails,  mais si tu es tenu au secret, je comprends qu’il te soit difficile de te défendre face aux racontars, je te plains Pluie. Et même si cela ne change pas grand-chose, soit assuré que je suis de ton coté, et que je te défendrai coûte que coûte.»

Il comprenait plus que personne les sentiments de la jeune femme. Lui le mercenaire qui rêvait régulièrement de reprendre la route. Mais il avait une mission à accomplir, des gens qui comptaient sur lui, et il ne pouvait pas partir.

« Je ressens la même chose que toi, il est parfois oppressant de se retrouver bloquer entre les murs. Je rêve souvent de reprendre la route, retrouver le plaisir d’un champ de bataille, camper dans la forêt à la belle étoile, partir sur les chemins et arpentaient le monde. Tu n’as jamais pensé à quitter Haven, à reprendre la route loin de tout ça, si c’est aussi dure pour toi ? Qu’est-ce-qui t’en empêche finalement ? A part la petite Liane bien sûr, et ton rôle auprès d’elle.»

Le capitaine était ravie que la jeune femme ai fait des progrès, si elle se sentait exclue à Haven, la barrière de la langue risquait de ne pas aider son intégration, et il était important tout comme Sourcedésert le lui disait qu’elle brise cette limite.

« Soucedésert à raison, et je sais que tu le sais, la langue est capitale pour être intégré dans une communauté. Vous êtes très proche toutes les deux, vous vous connaissez depuis longtemps ? »

Il n’avait que rarement entendu parler de deux femmes désireuses d’avoir un enfant ensemble, mais finalement Fitz n’était pas plus choqué que ça. Premièrement car il en fallait beaucoup pour choquer Fitz et son adoration du libre arbitre, ensuite il était enfant d’un couple hétérosexuel qui avait fini comme esclave, et que franchement, il aurait largement préféré grandir dans ce genre de couple atypique, au moins il aurait été aimé et désiré.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #7 le: 17 août 2014, 14:59:30 »
Malgré son métier, Pluiechantante n’avait jamais aimé quelqu’un. Elle était tombée amoureuse comme n’importe quelle jeune fille, elle avait eu de nombreux béguins. Mais jamais personne n’avait réussi à prendre une place particulière dans son cœur. Personne n’avait jamais compté pour elle au point que le reste n’ait plus d’importance. Elle était donc incapable de répondre à Fitz et ne put que lui sourire.

« C’est bien si tu l’aimes alors... »

Fitz ne semblait pas particulièrement choqué d’apprendre que deux femmes pouvaient chercher à avoir un bébé. Mais il ne semblait pas pleinement saisir les implications d’un tel acte.

« Des complications ? Non... mais Sourcedésert aimerait que ça prenne tout de suite, n’est-ce pas ? Elle veut pas devoir recommencer encore et encore pour être fécondée. Le géniteur est gentil, oui, et beau. Mais elle ne veut pas profiter, n’est-ce pas ? »

Le Barde Keldran était beau, incontestablement. Il était probablement doué au lit. Mais Pluiechantante doutait que Sourcedésert ait envie de s’y reprendre à deux fois pour tomber enceinte. Elle avait mieux à faire que de passer son temps au lit.

Quant aux rumeurs... Pluiechantante était touchée par la réaction de Fitz. Mais elle n’avait pas très envie qu’il se batte pour elle. D’une part parce que c’était stupide, d’autre part parce qu’elle aurait honte d’avoir suscité des accès de violence.

« Non non... tu ne fais rien. C’est pas une bonne idée. Même très mauvaise. Bientôt il y aura de nouveaux sujets, pour les rumeurs. Et alors on m’oublie... oubliera. »

En fait, Pluiechantante n’avait jamais rien entrepris de concret pour démentir les rumeurs. Elle avait simplement repris le cours de sa vie, comme quelqu’un d’innocent l’aurait fait. L’aurait-on laissée vivre au Palais et s’occuper de Liane si elle avait été coupable de ce sont les rumeurs l’accusaient ? Évidemment pas. Elle pensait donc qu’en agissant conformément à son innocence, elle démentirait passivement les rumeurs.

C’était cependant agréable d’avoir quelqu’un de son côté, comme il le disait. Même si cela ne l’aidait pas beaucoup.

« Merci... »

Pourquoi la Kestra’chern ne pouvait-elle pas repartir ? Parce qu’elle en avait marre de fuir. Ou plutôt, maintenant qu’elle avait fait face, elle n’avait plus de raison de s’en aller. Certes, elle trouvait le Palais étouffant ces jours. Mais elle savait que c’était à cause de rumeurs, et quand elles se seraient tues, la vie serait à nouveau agréable.

« Il y a Liane, oui. Elle m’écoute. Elle écoute pas beaucoup d’autres gens. Et je dois lui apprendre l’éthique. Et je... il y a d’autres choses. Liane a besoin de moi pour d’autres choses. Et il y a Sourcedésert aussi. C’est mon amie... souvent plus. Elle a besoin de moi aussi. Et j’ai peut-être aussi besoin d’elle. Un peu. Et elle doit rester ici. Elle a une tâche à remplir. La Pierre-Cœur. Et peut-être autre chose si... elle reçoit un signe. Je sais pas. Et puis... »
Elle soupira, leva la tête vers le ciel, huma l’air. « Je suis pas partie partie de chez moi parce que j’aime la route. Le voyage est bien, oui, intéressant. Mais le foyer, c’est mieux. Je suis partie parce que... » Elle haussa les épaules. Elle était incapable d’en parler, même à quelqu’un comme Fitz. Elle opta pour une demi-vérité. « Parce que je n’étais plus heureuse là-bas, chez moi. »

Parler de Sourcedésert était étrange. Cela lui donnait l’impression de former un couple avec la mage. Or, s’il fallait absolument mettre un nom sur leur relation, elle aurait plus volontiers parlé d’union libre, voire de “sororité d’écu” comme on disait dans certains pays, que de concubinage.

« Je la connais depuis le jour de mon arrivée dans cette ville. Je... suis tombée sur elle grâce à Liane justement. Au début, c’était pas facile entre nous. Elle... je crois qu’elle avait peur de moi. De ce que je pouvais lui faire. Puis ensuite... elle est devenue ma patiente. Puis mon amie, oui. Parfois, elle était plus. »
Elle sourit. « Après l’év...évènement avec Riannon, elle est venue me voir. Elle a soigné mon cœur, un peu. »

Ce n’était pas facile pour Pluiechantante de reconnaître que parfois, elle aussi avait besoin qu’on s’occupe d’elle. Qu’elle avait aussi besoin d’être rassurée et aimée.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #8 le: 18 août 2014, 19:18:13 »
Géniteur, gentil, beau, profiter, recommencer, féconder ? Les mots tournaient dans la tête de Fitz, aussi rapidement que ses joues s’empourpraient. Sur le coup un couple de femmes avec un enfant ne lui avait absolument pas paru étrange, il avait juste oublié que pour qu’une fleur pousse il faut bien quelqu’un pour planter une graine… Et dans ce cas précis, la graine ne pouvait pas juste arriver par magie car elles le désiraient.

« Ha oui en effet je n’avais pas du tout réfléchis dans ce sens-là. Comme tu peux voir les détails et moi ça fait deux. Vous avez trouvé un géniteur qui vous convient alors ? C’est déjà un grand pas. »

Dans le domaine Fitz était toujours aussi empoté, ce n’est pas faute de s’entrainer ces derniers temps, mais il restait toujours très naïf dès qu’on abordait le sujet, oubliant chaque fois des détails qui pour lui ne semblaient pas capitaux.
Quant à la suite le soldat se mit à rire.

« Ne t’inquiète pas, je n’utiliserai pas la force, mais si jamais tu as besoin un jour que l’on prenne ta défense, n’oublie pas que tu auras toujours un soldat prêt à répondre à l’appel. Ça peut toujours être utile d’avoir un bras sur lequel on peut compter. »

Mais elle avait raison sur un point.

« Tu sais les rumeurs ça court vite, et sur ce point-là tu as raison. Ils auront certainement de nouvelles choses à dire d’ici peu, j’ai même entendu dire récemment que j’étais un massacreur de poulet effréné, et que mon grand plaisir était de me déshabiller devant les femmes innocente. Et puis tu sembles vraiment beaucoup tenir à la petite Liane, moi je pense qu'elle a vraiment de la chance d'avoir une préceptrice comme toi. »

Il avait entendu ces bruits de couloir durant ses tours de gardes. Lui ça le faisait rire, mais c’était toujours moins grave que d’être accusé de vol d’enfant.
 
 «  J’avoue que c’est un sentiment que j’ai du mal à comprendre, sans vouloir t’offenser. Je n’ai pas de chez moi, je ne sais pas ce que c’est de fuir un endroit que l’on a pu appeler « chez soi ». Parfois j’ai l’impression d’avoir eu de la chance comparé aux autres. Finalement je n’ai rien à regretter, je n’ai pas d’endroit qui me manque, et je n’ai pas de lieux auquel mes souvenirs veulent absolument me raccrocher. Ces problèmes je ne les connais pas. Par contre je connais très bien ce sentiment de se sentir… Déplacé, dans un lieu que l’on ne comprend pas tout à fait, dans un endroit où il nous manque quelque chose. »

Il tentait vainement de se rappeler son pays d’origine, mais il n’y voyait que des tortures, des violences, et une cage sombre. Ensuite une course effrénée jusqu’à la frontière. Son seul chez lui…

« Le seul endroit que je pouvais appeler chez moi, j’y ai mis le feu il y a de cela un peu plus d’une décennie. Même si je voulais y retourner aujourd’hui je n’y trouverai que des cendres et un ancien charnier. »

Et la tombe d’Aed si elle avait résistait au temps. Il aimerait bien retourner là-bas juste une fois.

« Je suis pas sûr que l’on puisse nommer une tombe un chez soi »

Cette dernière phrase ne devait pas être prononcée à voix haute au départ, mais l’entendre c’était comme l’exorciser. Et puis il appréciait assez la compagnie de Pluie pour se laisser aller à ce genre de réflexion un peu  déplacée en société.

« Tu as l’habitude de t’occuper des autres, et je sais d’expérience que tu es plutôt douée dans ce domaine mais… Finalement je suis content que tu aies une personne pour te « soigner » toi aussi. »

Le soldat adressa un grand sourire à la jeune femme.

« Et puis si je me souviens bien à notre première rencontre tu m’avais tapé sur les doigts pour la façon dont je traitais mon corps, m’oblige pas à te taper sur les doigts pour la façon dont tu te traites toi-même ! »

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.
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Pluiechantante

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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #9 le: 19 août 2014, 10:07:21 »
« Trouver un géniteur est pas difficile. Mais c’est difficile de trouver un qui aide à mieux transmettre les Dons de Sourcedésert. Et c’est aussi difficile de trouver un pas trop bête. Soit ils s’en fichent totalement du bébé, soit c’est contre leur morale de pas s’occuper du bébé. Ah... et il devait euh...chatouiller ? Non... émoustiller Sourcedésert. »

Sourcedésert qui lui avait d’ailleurs appris que certains mots, comme “exciter” par exemple, ne devaient être utilisés dans aucun contexte ou presque, parce qu’ils étaient à choix trop crus, trop connotés ou simplement inadaptés. Pluiechantante avait donc dû élargir considérablement son lexique du désir et de la beauté, ainsi que de l’amour et des sentiments en général. Elle avait découvert avec admiration et amusement la large palette d’euphémismes, d’édulcorations et de litotes que recelait la langue de Valdemar.

Pluiechantante accepta d’un signe de tête l’offre de Fitz. Elle doutait d’avoir un jour besoin d’un bras (surtout pour compter dessus)... et même de l’homme qui se trouvait au bout. Mais elle ne voulait pas le blesser en rejetant sa main tendue.

« Mais tu aimes te déshabiller devant les dames ! » affirma-t-elle avec un grand sourire. « Quand je t’ai rencontré, tu étais à moitié nu sur la neige, oui ? On m’avait dit qu’ici les gens ont peur de leur corps, alors j’ai eu une grande surprise quand j’ai vu un homme presque nu en public. » Elle reprit avec plus de sérieux. « Je sais pas si c’est de la chance, pour Liane. Mais c’est important pour elle d’apprendre bien et juste. Et elle m’aime beaucoup, n’est-ce pas ? C’est plus facile comme ça. »

Pluiechantante avait déterminé depuis longtemps déjà que, pour elle et beaucoup d’autres, le foyer ne se trouvait pas dans un lieu précis. Le foyer, pour elle, c’était un mélange de souvenirs d’amours et de bien-être, un endroit où quoi qu’il arrive, on se sentait en sécurité. Le foyer n’était pas à proprement parler un lieu. Cela pouvait aussi être une personne ou un groupe de personnes. Pendant longtemps, le foyer de Pluiechantante avait été la maison de ses parents, même alors qu’elle n’y résidait plus. Même après son départ, quand elle pensait à son chez-elle, elle voyait les bras aimants de sa mère, et les yeux teintés de regrets de son père. Elle ne se rappelait plus quand son foyer était devenu le rire d’une fillette et les sauts d’humeur d’une mage.

« Mais si, je suis certaine que tu sais ce que c’est, un chez-soi. Quand tu rentres et que tu retrouves ta belle, tu rentres chez toi. L’amour est le meilleur du foyer... »

Elle ne commenta pas les confidences de Fitz, mais elle les consigna soigneusement dans sa mémoire. C’était plus fréquent qu’on ne croyait, les gens qui détruisaient leur foyer avant de partir. C’était un moyen de s’obliger à regarder vers l’avant, mais c’était aussi une fuite.

Pluiechantante se demanda si Fitz pensait qu’elle avait besoin d’être soignée elle aussi. En temps normal, elle n’avait besoin de personne pour prendre soin d’elle. Et elle n’avait pas l’impression de mal se traiter. Elle mettait autant de soin que d’habitude à se parer et à se coiffer. Elle passait toujours plusieurs heures par jours à méditer et à se relaxer. Elle prenait le temps d’écouter son corps et de le soigner avant que le mal n’empire. Non, vraiment, la comparaison avec Fitz n’était pas flatteuse.

« Moi je laisse pas mon corps devenir tout récalcitrant. Je le soigne, je l’écoute. Je m’occupe très bien de moi. Tu compares bizarrement. Et puis... » Elle sourit. « J’ai l’habitude de m’occuper des autres. Je suis pas douée pour me laisser occuper... non... pour laisser quelqu’un s’occuper de moi. Tu sais, c’est fatigant pour moi. Donc au final, je m’occupe plus d’elle que le contraire. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #10 le: 19 août 2014, 10:55:40 »
Fitz imaginait déjà la tentative de fécondation par chatouillage intense. Ca risquait de prendre plus de temps que prévu si elles s'y prenaient ainsi !

 « Les dons de Sourcedésert ? Je ne comprends pas très bien, tu veux dire que vous pouvez « choisir », je sais pas si ceci est le terme, le géniteur afin d'être certaine que le don sera transmis ? J'avoue que je suis assez ignorant sur ce point là, je pensais que les dons apparaissaient comme ca, par hasard si je puis dire, et pas que l'on pouvait prévoir, ou pas, leur apparition. »

Il ne s'attarda pas sur le coté émoustillant du futur géniteur. Après tout les jeunes femmes avaient le droit aussi d'en profiter pour choisir un géniteur qui leur plaise plutôt que le premier bonhomme du coin qui aurait fait l'affaire. Tant qu'à devoir passer par cet étape, autant qu'elle soit faite dans de bonnes conditions.

  « Ha bha voilà c'est comme ca qu'on fait naître les rumeurs ! »

Il adressa un clin d'oeil à la jeune femme !

  « Mais c'est vrai qu'ici les gens sont légèrement plus pudiques qu'ailleurs. Et pourtant crois-moi quand on est de garde de nuit dans les couloirs du collégium on en voit des vertes et des pas mûrs.... J'ai d'ailleurs toujours été étonné. Comment des gens aussi coincés sur certains détails peuvent avoir des mœurs aussi légères. Moi je suis pas d'ici, et je trouve qu'il est toujours plus facile de se recentrer sur soit, de faire le vide dans son esprit, quand le corps est directement en contact avec la nature. Et puis j'ai effectué des travaux de force dans mon jeune âge, et quand tu as découpé du bois pendant des heures, ta chemise te semble d'un seul coup bien lourde à porter. »

Le capitaine poussa un profond soupir.

« Tu as raison, sur un point. L'amour est en effet là où se trouve notre foyer mais... Mais n'as-tu jamais eu envie d'avoir un vrai chez toi ? Un endroit où tu pourrais retrouver la personne qui compte le plus pour toi, loin de toute cette agitation ? Loin de tout ces gens qui empiètent en permanence sur ta vie personnelle ? Te ressourcer, te retrouver, pouvoir être toi et juste toi ? Tu comprends ce que je veux dire ? Cette sensation moi je ne la connais pas, je ne l'ai jamais connu, et parfois je me mets à rêver d'un endroit construit de mes mains, un endroit à nous. Je sais pas, bien sur qu'auprès d'elle plus rien d'autre n'a d'importance, mais je suis pas sur d'être fait pour ce lieu. Les conventions, les convenances. Je suis pas fait pour cette agitation. Regarde comment je me retrouve à passer pour un monstre sanguinaire au milieu de la rue ! »

La vie pour Fitz semblait si compliqué entre les murs d'Haven. Il n'aimait pas le paraître, et parfois il lui semblait que seul cela comptait. Il aimait être maître de son domicile, et ici il n'était maître de rien. Il aimait que les choses soient simple, et pourtant tout semblait si compliqué.

« Je suis un mercenaire, je n'ai connu que la route et les batailles, l'agitation d'Haven n'est pas vraiment ce que je peux appeler une vie de tous les jours pour moi. »

Il regarda un instant la jeune femme de haut en bas, son sourire malicieux plaqué sur les lèvres.

  « Ho t’inquiète pas, je trouve toujours qu'au niveau purement physique, tu es toujours parfaite ! Et même si je fais plus attention depuis notre dernière rencontre, jamais il ne me viendrait à l'idée de comparer mon corps de soldat épuisé par les combats, au tien si bien entretenu. Mais... »

C'était compliqué pour Fitz de parler du reste à la jeune femme, il ne voulait surtout pas qu'elle soit vexée, ou qu'elle se sente jugée. Il prit donc un peu de temps pour choisir ses mots avant de continuer.

  « Mais le corps ce n'est pas tout. Je sais que sur ce point là tu es une excellente thérapeute, et que tu es plus que capable de prendre soin de toi. Pourtant si tu as ressenti ce besoin de sortir, ce besoin de fuir un instant les murs du palais, c'est bien que quelque chose te tracasse non ? Et parfois même si le corps est dans un état parfait, l'esprit lui ne l'est pas. »

Le jeune homme regarda sa main droite marquée un instant avant de continuer en la présentant à la jeune femme.

« Tu m'as aidé à une époque à accepter mon corps, et à prendre conscience de ses faiblesses pourtant j'ai mis du temps à comprendre que mon esprit n'était pas tranquille, j'ai mis du temps à travailler sur l'acceptation de ce que je suis, de ce que je dois faire, et même si mon corps est loin d'être aussi sain et en parfait état que le tien, mon esprit lui a trouvé une tranquillité qui me permet d'être serein. On se moque de la barrière de la langue, il faut que tu apprennes à te laisser aller, à te confier, à parler de ce qui te tracasse. Une bonne conversation peut parfois avoir autant d'effet thérapeutique qu'autre chose. Je ne dis pas que tu en as besoin, et je ne te propose pas de tout me déballer, après tout, tu n'as pas à avoir confiance en moi, mais.... Je pense que tu as besoin de vider ton sac parfois, pour que ton esprit soit aussi sain et en paix que ton corps. »

Il soupira un instant, avant de revenir à la jeune femme son grand sourire toujours sur ses lèvres.

« Mais je peux comprendre que ce soit difficile, quand on a pris l'habitude de s'occuper des autres, parfois il est compliqué de laisser quelqu'un s'occuper de soi. Pourtant peux tu aujourd'hui m'assurer sans mentir, que ton esprit est parfaitement en paix ? »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #11 le: 19 août 2014, 12:06:36 »
« Pas choisir... Mais deux parents avec le même Don le transmettront presque certainement à leur enfant. Et y a des Dons... c’est mieux de pas les mettre ensemble. Par exemple, imagine l’Empathie, qui permet de sentir les émotions des autres, mélangé avec le Don de quelqu’un qui peut lire en permanence les pensées des autres ? Ce serait affreux ! »

L’exemple n’était absolument pas pris au hasard, mais c’était le seul qui était venu à l’esprit de Pluiechantante.

« On peut pas vraiment prévoir. On peut rendre plus probable. Et surtout, on peut éviter les catastrophes. »

Fitz lui décrivit le foyer auquel il aspirait. Ce foyer parfait et inatteignable dans lequel il aimerait pouvoir se claquemurer le soir en rentrant chez lui. Pluiechantante eut un doux sourire.  

« Toi tu aspires à vivre en ermite, oui. Le foyer dont tu rêves, c’est pas réel. Les autres, ils parviennent toujours à s’infiltrer. Alors... il vaut mieux apprendre à ignorer le reste du monde, dans un lieu précis, ou avec une personne précise. Parce que le monde, lui, il va pas te laisser tranquille. » Elle sourit. Les réflexions de Fitz sur les convenances et les attentes des gens lui rappelaient une autre personne, qui se plaignait elle aussi bruyamment de devoir vivre selon des codes qu’elle trouvait absurdes. « Si ça te rassure, tu es pas seul, n’est-ce pas, à supporter mal les convenances. Et eux, ils ont pas grandi en ermite, juste dans un monde plus simple. » Elle soupira. « Le foyer comme tu l’imagines... il est idéal. Mais à part si tu vis tout seul au milieu des bois, c’est difficile de pas être touché par les autres. »

Le foyer dont Fitz parlait, ce lieu où elle ne pourrait être qu’elle, se retrouver et se ressourcer, au fond, elle l’emmenait partout avec elle, mais elle ne le considérait pas comme un élément de son chez-elle. C’était pour cela qu’elle méditait tous les jours, qu’elle continuait à porter des vêtements selon ses goûts, et qu’elle portait toujours ostensiblement ses nombreuses boucles d’oreilles, au mépris de la mode locale.

« Et pourtant, je suis certaine que si tu pars, le bruit te manquera. Moi, je trouve que tu vis bien dans le ville. Ton pas, c’est celui de quelqu’un à sa place, même si ton esprit lui, il refuse de s’installer. »

Malgré les progrès de Pluiechantante, elle peina parfois à exprimer des concepts abstraits. Son manque de vocabulaire et surtout sa mauvaise maîtrise de la grammaire donnaient à ses propos une forme enfantine très éloignée de leur véritable sens.

La Kestra’chern écouta avec attendrissement et plaisir Fitz qui tentait de lui faire admettre qu’elle avait peut-être besoin d’aide.

« Mon esprit est plus en paix qu’avant... plus qu’il l’était. »

S’être confié à Sourcedésert avait soulagé la jeune femme, et si elle souffrait et souffrirait toujours de sa blessure intérieure, c’était maintenant plus aisé de vivre avec.

« Avoir l’esprit en paix... Ce n’est pas possible pour un Kestra’chern. »

Soudain, elle prit conscience qu’ils étaient toujours au milieu de la rue, et que les gens devaient les contourner pour passer. Amusée par son étourderie, elle tira Fitz par le bras et le guida jusqu’à une fontaine. Elle s’assit sur le rebord et reprit.

« Mon métier... on ne peut pas le faire sans souffrance. Il faut être en accord avec cette souffrance, plus qu’elle est vive, juste présente, comme une vieille blessure qui fait mal quand il pleut. » Et là, elle savait de quoi elle parlait. « On dit chez moi, tu sais, que c’est cette blessure intérieure qui pousse à devenir Kestra’chern. Cette souffrance qui peut plus être réparée... elle pousse à guérir la douleur des autres avant que c’est trop tard. » Elle sourit. « Et pour comprendre la douleur des autres, il faut vivre avec soi-même. Tu comprends ? Jamais je ne pourrai avoir l’esprit parfaitement en paix, comme tu dis. Parce que alors, je ne pourrai plus aider les autres. »

Elle n’était pas certaine d’avoir été très claire. Mais il s’agissait là de concepts complexes très difficiles à rendre dans une langue autre que la sienne.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #12 le: 19 août 2014, 13:51:06 »
Il écoutait avec attention les explications sur les dons, et fut surpris. En effet il n'avait jamais pensé que des parents avec des dons similaires pouvaient le transmettre à leurs enfants. Tout à coup il se mit à se demander si le don offert par la déesse serait transmis à sa progéniture ? Enfin déjà il faudrait qu'il le garde une fois tout cela finit. Il devrait en toucher deux mots à Ludmilla ou à Maya.

 «Je n'avais pas du tout pensé comme cela je l'avoue. Mais jusqu'à très récemment j'étais complètement étranger à l'univers des dons, alors il est vrai que je ne m'étais jamais posé de questions. »

Il faudrait peut être qui se pose la question sur les dons de Feuille et la compatibilité avec le sien, si ils ne voulaient pas se retrouver avec un gamin complètement taré enfermé toute la journée dans un placard.

 « C'est marrant, j'ai l'impression que j'ai plus appris ces derniers temps sur les dons que depuis ma naissance. »

Il ne savait que trop bien que le monde rattrapait l'homme où qu'il soit. Il se souvenait très bien des pillards qui avaient provoqué la descente de Fitz dans cette violence incontrôlable. Il voyait encore durant certaines nuits douloureuses le corps de son ami, de son père, pendu. Mais pourquoi ? Devrait-il perpétuellement vivre dans la peur que l'humanité les rattrape ?

 «En ermite peut être. Je serais heureux dans ce genre de vie. Mais Feuille s'ennuierait à mon avis. Et je ne pourrai pas lui imposer ce genre de vie. »

Il souriait sincèrement à la jeune femme.

 « Ce que j'aimerai réellement, ce rêve inaccessible comme tu dis si bien, serait de m'éloigner de la violence et de la méchanceté de l'humain. Tu en as fait les frais, les humains sont emplis d'une méchanceté envers leur prochain que je ne comprends pas. Les rumeurs c'est finalement qu'une manière édulcoré de faire mal. Mais depuis le jour où j'ai pris la route, je n'ai vu que violence, faiblesse, douleur, malversation, et tout ces vices que l'humain répand. Ce serait tellement agréable de savoir que l'on peut trouver un lieu où on est à l'abri de tout ca. Mais ce n'est qu'un doux rêve n'est-ce pas ? »

Même en vivant quasiment seul au milieu des bois l'humanité les avait rattrapé lui et Aed. Il savait que dans leur monde en perpétuelle mouvement il n'y avait plus de place pour les doux rêveurs qui ne souhaitaient que vivre une vie paisible sans le poids de la communauté.

 « Mes hommes me manqueraient, certaines personnes que j'ai appris à connaître aussi, des gens que je considère comme des amis. Peut être même égoïstement le respect que l'on me montre me manquerait. Je ne suis pas si différent, j'ai aussi mes vices, mais moi.... »

Il se mit à sourire bêtement, rougissant légèrement.

 « Moi je vais te dire un secret... Ne te moque pas mais... Je rêve de tailler des jouets en bois... C'est étrange non pour un homme qui se ballade avec des haches dans le dos, et qui taille à tour de bras sur les champs de bataille. Alors oui j'ai calqué mon pas sur celui des hommes de la ville, j'ai adopté leur posture, et ma carrure fait que je suis adapté. Mais je suis aussi adaptable. Tu comprends la différence ? Je suis un mercenaire, j'ai choisi cette voie il y a longtemps, et j'ai appris avec le temps à me fondre dans la masse, on me paye pour être quelqu'un et je le deviens. C'est ainsi que l'on survit dans mon univers »

Il en avait fait des choses dans le passé. Garde du corps, accompagnateur de caravane, guide, bras vengeur, soldat de première ligne.... Et chaque fois il avait l'impression qu'on nouveau Fitz prenait la place de l'ancien. Il espérait juste qu'à force l'ancien ne serait pas juste... Perdu.

Lorsque Pluie l’entraîna à sa suite, il la laissa faire. Il n'avait aucune conscience du fait qu'il pouvait gêner le passage, ou bloquer quoique ce soit. Il était là, c'était Fitz, le reste du monde pouvait bien s'écrouler autour de lui qu'il n'aurait pas bougé. Non définitivement l'ancien Fitz ne disparaissait pas.

Avec attention, réfléchissant en même temps il analysait la situation. Puis une fois qu'il fut sur d'avoir compris, il regarda la jeune femme, un sourire presque triste sur le visage.

 « Nous ne sommes pas si différent alors. Il y a des professions que l'on embrasse car nous avons une blessure qui ne guérira pas. Et je comprends parfaitement le besoin... Non... Plutôt le fait, que cette blessure restera quoiqu'il arrive. Mais ce n'est pas la peine de s'en rajouter d'autre. Tu as besoin de ce passé pour pouvoir faire ce que tu fais de mieux, tout comme j'ai besoin de me remémorer mes tourments pour pouvoir combattre et protéger ceux qui en ont besoin. Mais toi comme moi n'avons pas à nous en ajouter d'autres par dessus notre passé déjà envahissant. »

Il avait du mal à expliquer, le principe qu'il essayait de développer.

 « On est comme des vases Pluie. Il nous faut de l'eau pour pouvoir faire pousser les fruits de notre travail. Mais si on nous remplit trop, alors on déborde. Je suis juste très heureux de savoir que tu as trouvé une personne avec qui tu peux vider ce trop plein. Il faut juste que tu eai le courage de le faire régulièrement. Même si je sais que ce n'est pas évident pour une personne habituée à écouter plus qu'à parler. »

Fitz se pencha en arrière, laissant son regard se perdre un instant dans le ciel, il se remémorait Haven, toute l'histoire, tout ce qui s'était passé.

 « C'est marrant. Je me souviens de notre première rencontre. Tu venais d'arriver à Haven, tu commençais à t'occuper de Liane.  Ta maîtrise de la langue était loin de celle que tu as aujourd'hui, et tu ne connaissais que peu de monde. Moi je revenais d'une mission douloureuse, marqué à vie comme du bétail par des forces que je ne comprenais pas. Et regarde nous aujourd'hui. Tu prévois déjà un avenir à ta façon, tu réfléchis pour un enfant, et tu t'es rendu indispensable auprès de Liane et de sa mère. Moi j'ai accepté ce que je suis, et je m'engage dans une autre mission dont je ne reviendrai peut être pas. Beaucoup de choses ont changé dans nos vies, et pourtant comme la première fois, nous tombons de nouveau par hasard l'un sur l'autre. On dirait que je te croise uniquement lorsque j'arrive à un embranchement qui va de nouveau changer ma vie. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #13 le: 20 août 2014, 10:35:08 »
Les Dons faisaient partie intégrante de la vie de Valdemar. Et malgré cela, ils restaient bien mal connus du grand public, et leurs porteurs étaient souvent entourés de superstitions idiotes et craints sans raison valable. Il n’était donc pas étonnant que Fitz connaisse mal cet univers. Même s’il était lui-même porteur d’un Don, celui-ci était d’une nature différente, d’après ce que Pluiechantante en savait. Le Don de Fitz était d’origine divine, contrairement aux autres. Certes, peut-être à l’origine les premiers Dons avaient-ils été donnés aux hommes par les Dieux, mais cela faisait bien longtemps qu’ils se transmettaient de mère à enfant, par le sang. La main des Dieux ne se posait plus sur l’épaule des porteurs. Fitz, lui, vivait sous le regard attentif d’une Déesse, voire même de plusieurs Dieux, et cela rendait son Don très très différent. Pluiechantante doutait qu’il le transmette un jour à ses enfants. Elle doutait même que ce Don perdure au-delà de sa finalité. Une fois la prophétie accomplie, le destin embrassé ou la même la volonté divine restaurée, le Don s’en irait probablement. Pluiechantante pouvait bien évidemment se tromper. Mais les Dieux laissaient rarement aux mortels les pouvoirs qu’ils offraient en temps de besoin. Car, dans leur sagesse, ils craignaient l’avidité de l’âme humaine.

« Ton Don... je ne crois pas qu’ils soient comme les nôtres. Il est... divin, non ? Il fonctionne peut-être pas tout à fait pareil que les Dons du sang... après, je sais pas. Je n’ai pas appris sur les Dons. Étudié. »
Elle haussa les épaules. « Mais c’est toujours bien de se renseigner. Même si c’est pas pareil de la même manière pour ton Don, tu apprends quand même un peu. »

Pluiechantante était surprise de l’amertume du soldat envers ses semblables. Oui, les humains pouvaient être méchants. Mais ils pouvaient être bons aussi. Souvent, c’était la peur et l’incompréhension qui guidaient leurs actes.

« Mais tu as aussi rencontré la gentillesse, l’écoute, l’amitié, l’amour. » Elle fit claquer sa langue avec désapprobation. « Tu te plais dans... non. Tu te complais dans les mauvais sentiments. Je n’approuve pas. »

S’il y avait quelque chose qui exaspérait la Kestra’chern au plus haut point, c’était l’apitoiement sur soi-même et la complaisance envers les idées noires.

« On a tous des rêves. Et le tien, il me semble pas si difficile à faire. Tu as du temps libre, tes mains. Le bois tu peux acheter. Pourquoi tu commences pas maintenant ? Et dis pas que tu as pas le temps. On trouve le temps pour ce qui compte. Tu dis que tu es adaptable. Moi je dis que tu es malléable. On te met dans le moule, et toi tu prends la forme. Tu regardes même pas si le moule est pas plus mou que toi. Si tu peux pas l’adapter un peu à toi. C’est sûr, c’est plus facile de se laisser faire et de prendre la forme qui plaît, oui ? Mais c’est pas si difficile de... »
Elle cherchait une expression qu’elle avait entendue quelque part. « De creuser ton trou à sa taille. Moi j’ai fait. Kestra’chern je suis. Ici on dit putain, fille de joie, et pour être poli, courtisane, belle-de-nuit — pourquoi belle seulement la nuit, d’ailleurs, je sais pas. Mais je soigne aussi. Je vis juste, honnêtement. Le moule, je pouvais pas entrer. Je ne suis pas une putain, une perchi, mais je ne suis pas non plus une Guérisseuse. Alors j’ai trouvé un endroit qui était bien, et j’ai creusé mon trou. Maintenant je fais ce que je veux faire librement. »

Pluiechantante aimait donner des leçons, c’était ce que Sourcedésert disait. Jamais la K’Leshya ne l’aurait nié. Mais quand elle le faisait, elle essayait de le faire au mieux. Elle tentait de doser au mieux la dureté et la brusquerie de ses propos pour faire réagir l’autre, sans le blesser réellement. Elle se basait aussi sur ses propres expériences, sur son vécu pour expliquer ses propos. Et jamais elle n’imposait son point de vue. Elle le donnait, le défendait, mais si l’autre le refusait, elle n’allait pas insister. C’était en tout cas ce qu’elle s’efforçait de faire. Parfois, sans doute, allait-elle trop loin. Mais elle était humaine, et c’était rageant de voir les gens s’entêter à suivre de mauvaises voies.

Une fois assise sur le rebord de la fontaine, Pluiechantante ne put s’empêcher de tremper ses doigts dans l’eau. Elle aimait l’eau. Elle aimait le bruit de l’eau. Elle aimait son odeur sur la pierre chaude. Elle trouvait cela amusant que Fitz la compare à un vase. C’était la vision de quelqu’un qui pensait en terme d’individus. Pluiechantante pensait en terme de clan.

« Et l’eau du vase, je la déverse où ? Elle ne va pas disparaître. Quelques gouttes vont tomber, mais le reste, il ira remplir le vase de la personne qui m’écoute. Et après, c’est le sien qui est plein. » Elle sourit. « Je ne suis pas un vase. Je suis la rivière. Parfois, je déborde quand il pleut. Mais je reviens toujours à ma place. Je suis toujours là pour recevoir l’eau qui déborde des vases des autres. L’eau... » Elle regarda l’eau s’écouler entre ses doigts. « L’eau de la rivière, elle nourrit la terre sur son passage. Et elle s’écoule vers la mer... » Pluiechantante ne parlait plus par métaphore, elle énonçait une évidence. « Mon vase n’a pas besoin d’être vidé. Il doit prendre le soleil, et l’eau, petit à petit, redescend. »


Il y avait des gens qu’on ne croisait que rarement, mais dont chaque rencontre laissait un souvenir vivace et agréable. Peut-être Fitz avait-il raison, et peut-être étaient-ils destinés à se croiser avant chaque nouvelle étape ? Mais Pluiechantante ne voyait pas la vie comme une succession de route à prendre, et de choix à faire.

« Ici, vous voyez tout carré, droit, organisé. Pour toi la vie, c’est une route avec des carrefours. Quand tu choisis, tu ne reviens pas en arrière. C’est pour ça, oui, que tu vois dans nos rencontres quelque chose de spécial. »
Elle sourit. « Je suis le dernier panneau avant de devoir choisir ? » Elle eut un rire léger. « Moi je vois la vie en cercle, en courbe, en tourbillon. Je te recroise parce que je suis revenue au début d’une boucle, peut-être. Ou peut-être que je t’ai croisé. Toi tu suis le chemin bien droit. Moi je cours autour. » Elle fit une pause. « Tu sais pourquoi les boucles c’est mieux? Pas d’adieu, pas de choix définitif. Tu reviendras. Mes boucles et des virages rencontreront à nouveau ton chemin bien droit. »

La main dans l’eau froide de la fontaine, Pluiechantante fut prise d’une envie irrépressible de légèreté. Elle fit un clin d’œil à Fitz et l’aspergea d’une grande giclée d’eau froide.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #14 le: 20 août 2014, 12:37:30 »
Divin. Ce mot résonnait toujours bizarrement dans la tête de Fitz. Pourquoi une déesse avait choisi un athéiste aussi forcené que lui pour en faire son arme. Peut être justement car il n'était influencé par personne, peut être aussi car son esprit était libre, et n'était soumis à aucun dogme. Ses choix n'étaient donc pas motivés par une quelconque force supérieure. Qui sait ?

  « Tu as sûrement raison. De toute façon cela m'étonnerait qu'on me laisse un pouvoir aussi... monstrueux entre les mains une fois tout cela fini. Imagine... Si je décide que je veux savoir quelque chose, je le sais, peu importe les barrières que tu lèveras.... Et si tu en lèves tu souffriras mille morts avant de tout me révéler. Ce pouvoir est bien trop.... Bref, si Dieu il y a derrière tout ça, et oui je doute encore de leur existence malgré tout ce que j'ai vu, il serait bien stupide de me laisser me balader dans la campagne avec ce genre de pouvoir. Mais je commence à le maîtriser, à le comprendre, c'est déjà un grand pas depuis la dernière fois où je t'ai vu, quand je n'osais toucher personne de ma main droite! »

Ho oui il avait évolué. Il restait têtu sur pas mal de point, mais celui là il avait décidé de prendre le parti de l'utiliser.

  « Ho mais je sais très bien que j'ai rencontré tout ca Pluie ne t'y trompe pas ! Et tu fais même partie de ces rencontres. Mais les cadavres se succèdent et ne se ressemblent pas, et parfois j'en ai marre de voir des gens découpés en morceaux. J'ai peur de ne jamais revoir mon capitaine. Et franchement Pluie... »

Il prit une profonde inspiration, et plaqua sur son visage son sourire le plus enjôleur.

 « ... C'est mon travail de penser à tout ce qui pourrait mal tourner. Toi ton travail c'est de soigner le corps des gens, moi mon travail c'est de faire en sorte que tu n'aies pas beaucoup à soigner. Je dois protéger, je dois penser à tout ce qui est mal pour pouvoir prévenir ce qui va arriver. Appelles ça une déformation professionnelle si tu veux, mais je ne peux pas me permettre de penser que tout va bien, c'est comme ça que les erreurs arrivent. La vie des gens dépend de ces erreurs, je ne peux pas me permettre d'en faire. Je n'en ai pas le droit. »

Le reste de la conversation le laissa légèrement songeur. Il souriait pourtant toujours à la jeune femme les yeux perdus dans le ciel d'Haven. Il aimait bien se retrouver ici avec elle, c'était agréable, et léger. Quand elle mentionna qu'il devait continuer, qu'il devait adapter le moule à lui et pas l'inverse, il se mit à rire, puis à fouiller dans la bourse attachée dans son dos. Il en sortit une figurine en bois, celle-ci représentait un loup, grossier pour l'instant, mais on pouvait voir aux coups de lames qui se dessinaient que le travail était encore en cours.

 « Je n’arrête jamais de tailler le bois Pluie, dès que j'ai un moment de libre. Mais c'est un hobby pour l'instant, le moule pour moi c'est l'état de Valdemar, ses instances dirigeantes, et des dieux. Ma seule marge de manœuvre est sur comment je fais la mission que l'on m'a assignée. Ni plus, ni moins. Mais un jour, peut être alors oui, je ferai ce que j'ai envie de faire. Et je suis différent de toi sur un point des plus important. Je suis un pur produit du moule. Les mercenaires sont créés par les combats, et les combats sont créés par les hommes, et ce sont les hommes qui ont fait le moule. Peut-être que je me mets trop de pression, peut être que je me bloque trop moi-même, peut-être aussi que j'ai un sens du devoir bien trop important pour l'homme que je suis. Mais j'ai pris un engagement comme toi auprès de Liane, et je ne peux pas abandonner, tu peux comprendre ça ?»

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.

 « Mais tu as raison sur un point très important....Tu es aussi magnifique de jour ! »

Leur différence de point de vue faisait rire Fitz.

 « C'est intéressant que tu dises ça ainsi. Pourtant il y a pas mal de gens qui déversent le vase avec toi, leurs problèmes ne le remplit pas forcément ? Par exemple quand tu as pris soin de moi, mes problèmes, mes peurs, mes angoisses, n'ont pas rempli ton vase ? » Il adressa son plus grand sourire à Pluie  « Je comprends ce que tu veux dire, de toute façon tu es aussi libre, sauvage, et imprévisible qu'une rivière. Et l'eau est bien le seul élément que l'homme ne parviendra jamais à domestiquer. Un peu comme toi au final. Pourtant je continue de penser que parfois la rivière est contente de trouver un endroit où se déverser. Mais tu sais... Étrangement c'est toi qui m'a fait penser ainsi. »

Il prit un peu de temps avant de parler de la suite, c'était compliqué à expliquer, surtout pour notre soldat aussi timide qu'une pucelle.

 « Avant de te rencontrer je ne m'étais jamais épanché, j'étais persuadé d'être assez fort pour tout supporter tout seul, j'étais persuadé que je n'avais besoin de personne d'autre que moi même. C'est toi qui a pris soin de moi en premier, c'est toi qui m'a poussé à me laisser aller, c'est donc assez drôle tu ne trouves pas ? »

Oui Fitz était persuadé qu'un choix était définitif, qu'une fois un chemin choisi il n'y avait pas de possibilité de retour. Il avait des difficultés à imaginer la vie autrement. Mais finalement...
Et alors qu'il réfléchissait à la façon d'appréhender la vie de Pluie, cette dernière décida de l'attaquer à l'improviste. Fitz partit d'un grand éclat de rire. De son bras droit il entoura la jeune femme par les hanches, plaquant son torse contre son dos, sans force il l'empêchait de s'enfuir, sa main gauche en coupe il ramassa de l'eau de la fontaine, qu'il laissa couler dans son cou. Le spectacle qu'ils donnaient était sûrement celui de deux enfants, ou de deux fous qu'il faudrait enfermer, mais il comprenait mieux pourquoi elle n'avait cure des rumeurs sur elle. Pluie vivait comme elle l'entendait.

 « Traîtresse va ! Le cercle te va bien, ça ne m'étonne pas de toi. Tu es aussi imprévisible qu'une route sinueuse. Si c'est le genre de choses que tu apprends à Liane on a pas finit d'en baver dans les couloirs du palais !  Moi je n'ai bizarrement jamais vraiment eu l'impression d'avoir le choix sur la route. On me disait d'aller à droite, ou à gauche, ensuite je devais faire avec ce que l'on m'a donné. Je suis les ordres, tu suis ton instinct. Mais tu as raison, il y a des gens qui jalonnent notre route, que l'on croise régulièrement, ou qui partagent un bout de chemin. »

Il était bien, posé comme ca, à simplement profiter de la vie, insouciant du reste. C'était tellement rare qu'il soit insouciant ces derniers temps. La mission à venir, le fait que Feuille l'accompagne sur le dangereux chemin qui se dessinait devant eux. Il s'inquiétait, mais il savait déjà que Pluie le gronderait en lui disant qu'il s'inquiétait trop.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-